Pilot Maki-e Seirei
Posté : 10 mai 2016 22:00
Hello,
Je vous présente ma toute dernière acquisition, un Pilot maki-e seirei :

Comme son nom l'indique, ce Pilot est laqué, et utilise l'une des plus bizarres des nombreuses techniques de laquage maki-e, la technique dénommée seirei-nuri.
Seirei, ou libellule en Japonais, car cette technique seirei-nuri a pour but de reproduire le délicat motif des ailes de libellule.
Ce stylo n'est apparemment pas distribué hors du Japon par Pilot, mais on peut le trouver chez certains revendeurs en ligne, où il est généralement présenté comme faisant partie de la collection Togidashi Hira Maki-e de Pilot, car il utilise le même modèle de corps de stylo avant laquage. Cependant c'est un petit abus de langage car ce Pilot Seirei n'utilise ni la technique hira-maki-e, ni la technique togidashi maki-e.
Ce motif d'aile de libellule est une sorte de tradition chez Pilot, car l'entreprise a déjà produit des modèles Seirei dans les années 50 et 60 ou au début des années 90. Ces modèles sont généralement sur fond noir ou vermillon, ou plus rarement bleu.
Ici par exemple une photo de ce qui ressemble à des Pilot Super 300 Seirei des années 50 dénichée sur le net :

Une autre particularité de ce modèle par rapport au reste de la gamme Pilot, c'est qu'il est laqué non pas sur un corps en matière plastique, mais sur un corps en laiton.

Particularité qu'il partage avec les modèles de la collection Yukari de Namiki. (Pour être précis le corps n'est pas intégralement en laiton, mais seulement les surfaces laquées, les extrémités filetées du corps ou de la section par exemple restant en résine. Seul le modèle haut de gamme Yukari Royale est lui entièrement en laiton).
Quand vous observez ensemble un Pilot Seirei et un Namiki Yukari (ici un poisson tropical), il y a plus qu'un air de famille !

Même profil, même taille (129 mm sans capuchon, 142 mm avec), même poids (33 g), même capuchon monobloc, même agrafe, même section, même convertisseur CON-70 ...

Seules différences observées, la base du capuchon et la plume :

La plume du Pilot Seirei est une plume N°10 en or 14 K (ici une F), apparemment de mêmes forme et dimension que celle du Yukari (ici une M) qui par contre est en or 18 K avec bien sûr son motif mont Fuji :

Les conduits sont identiques :

Donc on peut raisonnablement considérer que Pilot ne se moque pas de nous avec ce Seirei qui, pour un prix nettement plus abordable, se hisse au niveau d'un Yukari, au moins pour ce qui concerne sa construction.
Venons en maintenant au décor et à cette fameuse technique seirei-nuri, qui se distingue des techniques maki-e habituelles : même si elle fait bien sûr appel au "saupoudrage" de poudre d'or dans un motif en laque humide (le fameux maki-e), ce motif n'est pas véritablement peint à la main, mais obtenu à l'aide d'une opération un peu étrange que vous allez pourvoir observer dans la vidéo ci-dessous.
Grosso modo, d'après ce que j'ai pu comprendre (mais on trouve peu d'infos sur le sujet), les étapes sont les suivantes :
1. la surface est laquée en noir (ou vermillon), puis soigneusement polie après séchage afin d'obtenir une surface sans la moindre irrégularité,
2. on verse dans un bain une petite quantité de laque qui va former en suspension une sorte de "nuage de laque" en forme de trame, façon aile de libellule.
NB : si on a dans la salle un chimiste ou physicien spécialiste en mécanique des fluides, bulles de savon ou autres phénomènes de capillarité ou tension de surface qui peut nous expliquer comment ça marche, ça m'intéresse
3. on plonge la surface à laquer dans le bain de façon à ce que la trame se dépose sur ladite la surface. Dit comme ça, ça a l'air simple, mais à mon avis il doit falloir un certain entrainement pour réussir cette manip
4. avant que la trame ne soit sèche, on saupoudre d'or la surface pour que la poudre d'or se fixe dans la laque (là on rejoint le maki-e classique),
5. une fois sèche, on nettoie et on polit légèrement la surface,
6. puis on recouvre d'une nouvelle couche de laque et on polit à nouveau.
Cette vidéo montre la réalisation des étapes 2 à 4 sur une série de 20 stylos.
Vous pouvez sauter en cours de route à 5' pour passer à l'étape 4 pour éviter de vous coltiner les 20 stylos
Avouez que c'est étrange. Quand on voit comment c'est réalisé, on comprend aussi pourquoi le motif n'est pas aussi régulier (si on peut dire) sur l'ensemble de la circonférence du stylo : sur le dessous c'est nettement plus "fouillis" que sur le dessus (le motif semble étiré), sans doute en raison de la façon dont on extrait le stylo du bain.
Il y a bien sûr beaucoup moins de travail de précision (et probablement moins de couches de laque) que pour un décor à base de techniques maki-e plus classiques, néanmoins ce décor porte la signature de l'école Kokkokai qui regroupe les artistes qui œuvrent habituellement pour les collections de Namiki :
La signature est réalisée par dessus le décor seirei-nuri en technique hira maki-e, donc finalement il y a un peu de hira maki-e dans ce stylo
Je suis en revanche un poil déçu par la plume, que je trouve un peu trop raide et un peu trop sèche. Très différente de la plume N°15 bien connue de Pilot. En fait elle est plus fine que j'imaginais (pourtant j'ai l'habitude de F Japonaises). J'aurais peut-être du la prendre en M.

Au final c'est un Pilot original, sans concession par rapport à la qualité Pilot/Namiki, et qui peut avoir sa place chez tout collectionneur de stylos laqués.


Je vous présente ma toute dernière acquisition, un Pilot maki-e seirei :

Comme son nom l'indique, ce Pilot est laqué, et utilise l'une des plus bizarres des nombreuses techniques de laquage maki-e, la technique dénommée seirei-nuri.
Seirei, ou libellule en Japonais, car cette technique seirei-nuri a pour but de reproduire le délicat motif des ailes de libellule.
Ce stylo n'est apparemment pas distribué hors du Japon par Pilot, mais on peut le trouver chez certains revendeurs en ligne, où il est généralement présenté comme faisant partie de la collection Togidashi Hira Maki-e de Pilot, car il utilise le même modèle de corps de stylo avant laquage. Cependant c'est un petit abus de langage car ce Pilot Seirei n'utilise ni la technique hira-maki-e, ni la technique togidashi maki-e.
Ce motif d'aile de libellule est une sorte de tradition chez Pilot, car l'entreprise a déjà produit des modèles Seirei dans les années 50 et 60 ou au début des années 90. Ces modèles sont généralement sur fond noir ou vermillon, ou plus rarement bleu.
Ici par exemple une photo de ce qui ressemble à des Pilot Super 300 Seirei des années 50 dénichée sur le net :

Une autre particularité de ce modèle par rapport au reste de la gamme Pilot, c'est qu'il est laqué non pas sur un corps en matière plastique, mais sur un corps en laiton.

Particularité qu'il partage avec les modèles de la collection Yukari de Namiki. (Pour être précis le corps n'est pas intégralement en laiton, mais seulement les surfaces laquées, les extrémités filetées du corps ou de la section par exemple restant en résine. Seul le modèle haut de gamme Yukari Royale est lui entièrement en laiton).
Quand vous observez ensemble un Pilot Seirei et un Namiki Yukari (ici un poisson tropical), il y a plus qu'un air de famille !

Même profil, même taille (129 mm sans capuchon, 142 mm avec), même poids (33 g), même capuchon monobloc, même agrafe, même section, même convertisseur CON-70 ...

Seules différences observées, la base du capuchon et la plume :

La plume du Pilot Seirei est une plume N°10 en or 14 K (ici une F), apparemment de mêmes forme et dimension que celle du Yukari (ici une M) qui par contre est en or 18 K avec bien sûr son motif mont Fuji :

Les conduits sont identiques :

Donc on peut raisonnablement considérer que Pilot ne se moque pas de nous avec ce Seirei qui, pour un prix nettement plus abordable, se hisse au niveau d'un Yukari, au moins pour ce qui concerne sa construction.
Venons en maintenant au décor et à cette fameuse technique seirei-nuri, qui se distingue des techniques maki-e habituelles : même si elle fait bien sûr appel au "saupoudrage" de poudre d'or dans un motif en laque humide (le fameux maki-e), ce motif n'est pas véritablement peint à la main, mais obtenu à l'aide d'une opération un peu étrange que vous allez pourvoir observer dans la vidéo ci-dessous.
Grosso modo, d'après ce que j'ai pu comprendre (mais on trouve peu d'infos sur le sujet), les étapes sont les suivantes :
1. la surface est laquée en noir (ou vermillon), puis soigneusement polie après séchage afin d'obtenir une surface sans la moindre irrégularité,
2. on verse dans un bain une petite quantité de laque qui va former en suspension une sorte de "nuage de laque" en forme de trame, façon aile de libellule.
NB : si on a dans la salle un chimiste ou physicien spécialiste en mécanique des fluides, bulles de savon ou autres phénomènes de capillarité ou tension de surface qui peut nous expliquer comment ça marche, ça m'intéresse

3. on plonge la surface à laquer dans le bain de façon à ce que la trame se dépose sur ladite la surface. Dit comme ça, ça a l'air simple, mais à mon avis il doit falloir un certain entrainement pour réussir cette manip

4. avant que la trame ne soit sèche, on saupoudre d'or la surface pour que la poudre d'or se fixe dans la laque (là on rejoint le maki-e classique),
5. une fois sèche, on nettoie et on polit légèrement la surface,
6. puis on recouvre d'une nouvelle couche de laque et on polit à nouveau.
Cette vidéo montre la réalisation des étapes 2 à 4 sur une série de 20 stylos.
Vous pouvez sauter en cours de route à 5' pour passer à l'étape 4 pour éviter de vous coltiner les 20 stylos

Avouez que c'est étrange. Quand on voit comment c'est réalisé, on comprend aussi pourquoi le motif n'est pas aussi régulier (si on peut dire) sur l'ensemble de la circonférence du stylo : sur le dessous c'est nettement plus "fouillis" que sur le dessus (le motif semble étiré), sans doute en raison de la façon dont on extrait le stylo du bain.
Il y a bien sûr beaucoup moins de travail de précision (et probablement moins de couches de laque) que pour un décor à base de techniques maki-e plus classiques, néanmoins ce décor porte la signature de l'école Kokkokai qui regroupe les artistes qui œuvrent habituellement pour les collections de Namiki :

La signature est réalisée par dessus le décor seirei-nuri en technique hira maki-e, donc finalement il y a un peu de hira maki-e dans ce stylo

Je suis en revanche un poil déçu par la plume, que je trouve un peu trop raide et un peu trop sèche. Très différente de la plume N°15 bien connue de Pilot. En fait elle est plus fine que j'imaginais (pourtant j'ai l'habitude de F Japonaises). J'aurais peut-être du la prendre en M.

Au final c'est un Pilot original, sans concession par rapport à la qualité Pilot/Namiki, et qui peut avoir sa place chez tout collectionneur de stylos laqués.

