Esterbrookenstein
Posté : 26 déc. 2012 21:49
Chapitre Premier
Louisiane, quelque part en bordure des bayous.
Il est midi, Bubba se lève, réveillé par les aboiements des Pit-Bull qui tirent sur leur longue chaîne rouillée.
Surement Kimberley qui revient de la ville avec les bières et le corned-beef pour la semaine.
Il se recouche; c'est qu'elle pourrait bien lui demander de l'aider, et il n'est pas d'humeur.
Bruit du rideau de perles qui sert de porte, puis celui d'un sac à provisions qu'on pose sur la table à tréteaux.
"Bubbylou ? Réveille-toi ! Kim a une surpriiiise !"
Plus moyen de fuir -Bubba fait mine de s'étirer, se redresse un peu et se gratte l'aisselle gauche.
"Regarde ce que le gars de la casse m'a donné quand je lui ai rapporté les canettes !"
Regard vide de Bubba. Un fond d'oeil révèlerait une tache en forme de point d'interrogation.
Dans la main de sa promise, un vieux stylo grisâtre.
"Il ne marche plus, mais au moins le jour où tu te décideras à apprendre à écrire, tu en auras un !"
On ne refuse pas un cadeau de la part de celle qui fut Miss John Deere 2005, et qui porte toujours aussi bien
le short en jean minimaliste et la chemise à carreau qui, nouée au niveau du nombril, avantage encore plus les attributs
qui à l'époque lui avaient valu le titre.
"Je file, je vais être en retard pour aller voir le dernier épisode de Desperate Housewives chez les Smith - Bizzzzz mon grizzly !"
Le rideau tinte de nouveau, la fée s'en est allée.
Bubba regarde la chose dans sa main. Une idée germe: s'il arrive à le réparer, il sera à nouveau son héros.
Il se lève, fouille dans une caisse en carton. Ah. Super-glue. Sauvé.
Tiens, le stylo se dévisse - pas normal, ça. Il y a aussi un truc compliqué sur le côté - d'un ongle noir et cassé, il tente d'actionner
la tige. Sans succès. de toute façon un truc si petit ne peut être que décoratif. Pas grave, il a d'autres plans.
Déjà, remédier au problème du stylo qui se dévisse bêtement en deux.
Des dents, il dévisse l'embout du tube de super-glue, et....
Chapitre Second
New York, bureau de Nathan Binderson, du cabinet Binderson, Binderson & Sons.
"Colis pour vous !"
Nathan signe et arrache presque le petit colis des mains de la bimbo DHL.
Un oeil sur le paquet, l'autre sur la livreuse callipyge qui s'éloigne, il tremble d'excitation.
Voilà le contenu déballé: un Easterbrook gris, comme celui de son enfance.
"Décalez mes rendez-vous d'une heure, Tiffany, je ne suis là pour personne !"
Il sort du tiroir son QuoVadis Habana aux lignes espacées d'exactement 8mm, et ouvre pieusement le flacon d'encre
Diamine Denim qui lui sert pour tous ses tests. Un moment rare, celui du rituel de test de tout nouveau stylo.
Rituel à côté duquel une cérémonie du thé nippone tiendrait de la beuverie d'après-foot des plus décérébrés des fans de l'OM.
Dans un état second, il dévisse le capuchon. Hmmm. La petite plume semble le regarder, lui parler même.
C'est si simple, le bonheur... voyons à présent l'état du sac. Ses doigts serrent le corps. Ca résiste.
Rien dans sa vie ne lui a jamais résisté - il insiste.
Crac !
Le bloc dans une main, le corps dans l'autre, son rêve en cendres.
Chapitre Troisième.
New York, bureau de Nathan Binderson, 22 heures.
Les policiers sont partis mais la bande jaune est encore là. Un vitrier est affairé à finir de remplacer le panneau
par lequel s'est jeté le regretté Nathan Binderson en fin de matinée.
Martha Crook en a vu d'autres dans sa longue carrière de technicienne de surface. Taciturne, elle vide la poubelle
près du bureau. Tiens, des bouts de stylo. Un beau gris, en plus. Ca fera bien le bonheur de quelqu'un sur Ebay...
Chapitre Dernier
Strasbourg, résidence d'Hellmut.
"What the **** ?
Non, petit Esterbrook. Tu ne finiras pas à la poubelle, on va te donner une seconde vie... "
Louisiane, quelque part en bordure des bayous.
Il est midi, Bubba se lève, réveillé par les aboiements des Pit-Bull qui tirent sur leur longue chaîne rouillée.
Surement Kimberley qui revient de la ville avec les bières et le corned-beef pour la semaine.
Il se recouche; c'est qu'elle pourrait bien lui demander de l'aider, et il n'est pas d'humeur.
Bruit du rideau de perles qui sert de porte, puis celui d'un sac à provisions qu'on pose sur la table à tréteaux.
"Bubbylou ? Réveille-toi ! Kim a une surpriiiise !"
Plus moyen de fuir -Bubba fait mine de s'étirer, se redresse un peu et se gratte l'aisselle gauche.
"Regarde ce que le gars de la casse m'a donné quand je lui ai rapporté les canettes !"
Regard vide de Bubba. Un fond d'oeil révèlerait une tache en forme de point d'interrogation.
Dans la main de sa promise, un vieux stylo grisâtre.
"Il ne marche plus, mais au moins le jour où tu te décideras à apprendre à écrire, tu en auras un !"
On ne refuse pas un cadeau de la part de celle qui fut Miss John Deere 2005, et qui porte toujours aussi bien
le short en jean minimaliste et la chemise à carreau qui, nouée au niveau du nombril, avantage encore plus les attributs
qui à l'époque lui avaient valu le titre.
"Je file, je vais être en retard pour aller voir le dernier épisode de Desperate Housewives chez les Smith - Bizzzzz mon grizzly !"
Le rideau tinte de nouveau, la fée s'en est allée.
Bubba regarde la chose dans sa main. Une idée germe: s'il arrive à le réparer, il sera à nouveau son héros.
Il se lève, fouille dans une caisse en carton. Ah. Super-glue. Sauvé.
Tiens, le stylo se dévisse - pas normal, ça. Il y a aussi un truc compliqué sur le côté - d'un ongle noir et cassé, il tente d'actionner
la tige. Sans succès. de toute façon un truc si petit ne peut être que décoratif. Pas grave, il a d'autres plans.
Déjà, remédier au problème du stylo qui se dévisse bêtement en deux.
Des dents, il dévisse l'embout du tube de super-glue, et....
Chapitre Second
New York, bureau de Nathan Binderson, du cabinet Binderson, Binderson & Sons.
"Colis pour vous !"
Nathan signe et arrache presque le petit colis des mains de la bimbo DHL.
Un oeil sur le paquet, l'autre sur la livreuse callipyge qui s'éloigne, il tremble d'excitation.
Voilà le contenu déballé: un Easterbrook gris, comme celui de son enfance.
"Décalez mes rendez-vous d'une heure, Tiffany, je ne suis là pour personne !"
Il sort du tiroir son QuoVadis Habana aux lignes espacées d'exactement 8mm, et ouvre pieusement le flacon d'encre
Diamine Denim qui lui sert pour tous ses tests. Un moment rare, celui du rituel de test de tout nouveau stylo.
Rituel à côté duquel une cérémonie du thé nippone tiendrait de la beuverie d'après-foot des plus décérébrés des fans de l'OM.
Dans un état second, il dévisse le capuchon. Hmmm. La petite plume semble le regarder, lui parler même.
C'est si simple, le bonheur... voyons à présent l'état du sac. Ses doigts serrent le corps. Ca résiste.
Rien dans sa vie ne lui a jamais résisté - il insiste.
Crac !
Le bloc dans une main, le corps dans l'autre, son rêve en cendres.
Chapitre Troisième.
New York, bureau de Nathan Binderson, 22 heures.
Les policiers sont partis mais la bande jaune est encore là. Un vitrier est affairé à finir de remplacer le panneau
par lequel s'est jeté le regretté Nathan Binderson en fin de matinée.
Martha Crook en a vu d'autres dans sa longue carrière de technicienne de surface. Taciturne, elle vide la poubelle
près du bureau. Tiens, des bouts de stylo. Un beau gris, en plus. Ca fera bien le bonheur de quelqu'un sur Ebay...
Chapitre Dernier
Strasbourg, résidence d'Hellmut.
"What the **** ?
Non, petit Esterbrook. Tu ne finiras pas à la poubelle, on va te donner une seconde vie... "
