Re: Bonjour à tous.
Posté : 28 avr. 2020 18:55
J'aime beaucoup le récit ! Merci pour cet excellent moment !Ced' a écrit : ↑28 avr. 2020 14:51 De retour après un certain temps... qui passe d'ailleurs très vite. Trop vite... Voilà donc quelques mois que je m'exerce sur ce petit Duofold qui est effectivement un Mini GT. Ah ! les sensations sont bien différentes de celles procurées par les plumes de tête de gondole qui m'accompagnèrent jadis, jusqu'à la fac et que j'exhumai pour l'occasion, à des fins comparatives : le petit Waterman chromé qui gratte atrocement et surtout le Parker Jotter qui me rappelle le même réflexe que j'ai pris presque immédiatement avec le Duofold. A mesure que je traçais mes premiers mots, prenant la mesure de cet objet nouveau et bien plus volumineux que mes anciens outils, je me surpris à pivoter légèrement le stylo dans la main car la plume produisait un trait trop épais... trop d'encre coulait. Comme jadis mon Jotter, je commençais à le prendre de manière oblique, en quelque sorte pour corriger l'épaisseur du trait. C'était le temps encore récent où, totalement profane - c'est à dire encore plus qu'aujourd'hui -, je m'étonnais de découvrir qu'il existe plusieurs tailles de plumes !
Bon. Depuis août dernier, j'ai lu et relu, cherché beaucoup et parcouru ces pages en tâchant d'acquérir l'essentiel. J'ignorais tout des plumes, des différentes tailles, de leur flexibilité... tout, vous dis-je. Bonne poire et trop enclin à la flagellation, je collais tout sur le dos de ma gauchitude qui l'avait bien trop large, le dos. J'en étais encore à ces lieux communs qui disent qu'un stylo se fait à la main de celui qui s'en sert. J'entrevoyais déjà comme chez les musiciens, la niche de la niche... le graal de tous les sinistrés du latéralisme ! : le modèle gaucher (plus-rare-et-plus-cher-disponible-dans-toutes-les-teintes-du-moment-que-c'est-noir). Las, je me débattais dans les croyances. Beaucoup de lecture ici, des heures d'apprentissage et de réapprentissage, le nez sur la feuille, le stylo en main, les crampes, les tests de différente tenue, de pression sur la plume... toutes choses qui ne m'avaient jamais traversé l'esprit, vinrent affiner la connaissance que j'acquérais petit à petit. Un séjour de tests dans l'échoppe voisine m'apprit en effet que le "M" de chez Parker est très juteux pour ma main et qu'il me faudrait envisager un "F". Ah ce qu'il faut de patience et d'humilité pour trouver des repères dans un domaine nouveau. Ecrire n'a rien d'anodin et c'est là tout le sujet d'une activité qu'un stylo-plume haut de gamme permet de transcender car la manière diffère. Tout est là, dans la manière.
Je suis reparti de la boutique avec mes trois boîtes de cartouches propriétaires, des petites... pour modèle mini. J'ai écumé tout ce que j'ai pu de boutiques pour découvrir enfin qu'un convertisseur pour Duofold Mini n'existe tout simplement pas. J'ai pesté en trouvant décidément ce stylo trop court pour ma pogne, au point que je suis obligé d'écrire avec le capuchon posé au cul, pour lui donner le poids suffisant à conférer une bonne prise en main. Bref, je m'essayais à toutes les combinaisons.
Un premier bilan à l'aune d'essais dont je suis le testeur et le testé ? Joli stylo, un peu court et trop léger... la main se crispe encore et je crois que j'appuie malgré moi un peu trop, j'ai besoin de détendre tout ça. La plume M est trop juteuse pour moi, sensation vérifiée avec celle en acier de mon petit Jotter. Je lis ça et là qu'en plume M, Parker a le débit plutôt généreux. Voilà de quoi jalonner mes perceptions, mes ressentis de quelques vérités toutes provisoires. La plume est agréable quand on la laisse courir. Le gaucher pousse la plume quand au droitier il suffit de tirer... plus de trente ans de lutte contre cette évidence qui n'avait en fait rien d'un casus belli ! Avec du matériel adapté, la douceur est permise ! Quelques ratés subsistent dans cette idylle naissante... un nettoyage de fond en comble a permis d'abolir presque complètement certains faux départs de la plume qui me rendaient l'écriture pénible. Le gabarit aussi, décidément un peu court pour ma main. La consommation enfin ! Quel gouffre ! Ça va mieux depuis le nettoyage mais alors mâtin ! Quel soiffard ! Quel gosier insatiable il a le saligaud ! Mes pauvres cartouchettes tombent comme à Gravelotte et c'est à peine si j'exagère quand j'estime la panne sèche survenir au bout de huit pages (grand format quand même... faut pas pousser mémé...).
Bref ! L'apprentissage se poursuit, je commence à flâner, je trouve toujours les Pélikan magnifiques et l'envie d'en acquérir (en "F" of course !) n'est tempérée que par l'impossibilité de tester réellement. Mais après tout... quel risque ? Celui d'apprendre de ses erreurs.
D'ores et déjà et sans doute par la faute de certains monomaniaques d'ici, j'écume les sites, je lorgne les occases, j'échafaude de virtuelles collections comprenant des modèles phares et d'autres en transit qui ont tous en commun leur beauté. Ce joli site est une incitation à goûter le beau. Quelle autre façon de remplir la vie ?
Je vous laisse et retourne m'exercer pour atteindre si possible, une certaine harmonie dont la recherche n'est pas dénuée de plaisir.