Voici une revue de mon Nakaya Negoro Nuno Kise Hon Kataji Shiro-tame.
La société Nakaya a été fondée en 1919 par Syunchi Kakata, avant de changer de nom dès 1924 pour Platinum Pen Company, qui est toujours aujourd’hui un des acteurs majeurs du stylo à plume au Japon, aux côtés de Pilot et Sailor.
À la fin des années 90, la marque Nakaya renaît avec des artisans de Platinum arrivés à l’âge de la retraite. Si les deux marques partagent certains composants, Nakaya propose une approche plus artisanale, finissant chaque stylo à plume à la main, et offrant certaines prestations indisponibles chez Platinum (notamment la finition élastique des plumes).
Après cette brève introduction historique, attardons-nous un moment sur l’apparence et les matériaux de ce stylo.
En ébonite recouvert de laque urushi, ce Negoro présente un aspect particulièrement soigné. On ne se lasse pas d’admirer les reflets de ses différentes couches de laque rouge-brun laissant transparaître un jaune-ocre très lumineux aux extrémités.
Mais les éléments le plus surprenants du design très réussi de ce Nakaya sont sans doute ses « fêlures », ses « cicatrices » qui lui donnent une impression de fragilité et d’éternité et qui le rendent encore plus précieux à mes yeux. Un peu comme si l’artisan refusait sciemment que son oeuvre - qui n’est qu’humaine - puisse prétendre à la perfection...
Bref, vous l’aurez compris, on ne peut être qu’enthousiaste devant la qualité du travail effectué et l’aspect unique de ce stylo.
Une fois en main, le toucher est très agréable, et le poids très contenu (environ 20 grammes).
Quelques mots sur sa plume M flexible élastique. Dotée d’une très bonne glisse, son débit est satisfaisant même si je suis adepte des plumes au débit plus abondant encore.
La flexibilité de sa plume ne le rend pas moins facile à utiliser au quotidien, même si le rebond de la plume, sa souplesse, et la variation du trait sont exceptionnelles pour un stylo moderne. Les échancrures que la plume présente au niveau des épaulements lui confèrent davantage de souplesse, et donc de douceur.
Un des nombreux points forts de cette marque réside dans la multitude de possibilités offertes au client pour personnaliser sa plume : pression, angle auquel le stylo est tenu, vitesse d’écriture, position des doigts, tout y passe. Rien ne remplace un essai, mais pouvoir apporter toutes ces précisions m’a rassuré avant la commande.
D’autres options de personnalisation permettent de choisir la finition de la plume or 14 carats (plaquée or rose, plaquée ruthenium, bicolore...), ou encore une inscription sur le corps du stylo.
Le souci du détail est poussé à l’extrême, y compris sur les pièces invisibles, Nakaya proposant même des convertisseurs ornés de motifs en maki-e peints à la main :
Nakaya fabriquant ses stylos à la demande, il faut savoir qu’un délai d’environ 3 à 4 mois est nécessaire pour la production. C’est le prix de l’exclusivité, mais n’a fait au final que renforcer le plaisir lors de la découverte de ce stylo hors du commun.
Pour l’anecdote, j’ai reçu un message de Nakaya au cours de cette période de fabrication m’informant d’un retard potentiel afin de maintenir leur niveau d’exigence de qualité car les conditions hygrométriques n’étaient pas optimales à ce moment-là au Japon... On comprend dès lors tout le soin apporté au produit.
Pour finir, une page d’écriture réalisée avec ce Nakaya Negoro encré en Iroshizuku Yama-Guri, où j’ai tenté de laisser percevoir comment exploiter la flexibilité de cette plume en base de page :
Pour conclure, et au-delà de ses qualités intrinsèques décrites dans cette revue, je dirais que ce Nakaya occupe une place particulière dans ma collection. S’il n’est pas celui qui revient le plus souvent dans ma rotation de stylos encrés (du fait notamment de l’absence d’agrafe, de sa fragilité...), il est sans doute le stylo qui m’a demandé le plus de réflexion et de préparation avant achat afin de tirer profit au maximum des possibilités de personnalisation offertes par Nakaya. Chaque option a été réfléchie, chaque alternative pensée, re-pensée jusqu’à aboutir à ce résultat. Au final, c’est tout ce cheminement qui le rend unique !
Wollemi
bravo et merci du partage
