Une présentation brève du fabricant:
L'entrerprise Geha a été fondée en 1918 à Hanovre en Allemagne par les frères Heinrich et Conrad Hartmann comme distributeur de matériel de bureau. Le nom de la société est une contraction de "frères Hartmann" (Gebrüder Hartmann). Plus tard, l'entreprise commença à fabriquer ses propres gammes de produits de bureau. Elle se lance dans la production de stylos-plume à partir de 1950. L'entreprise grandit pour atteindre quelque 2500 employés au début des années 1970 avec des filiales à Milan et Bruxelles.
Dans le monde germanophone, les stylos Geha étaient pendant longtemps les concurrents par excellence des Pelikan, surtout dans le domaine des stylos d'écoliers avec ses Geha Schulfüller. (La concurrence avec Pelikan est d'autant plus cocasse que les deux entreprise avaient leur siège dans la même ville de Hanovre.) D'ailleurs, les modèles des années 1960 ressemblent beaucoup au Pelikan 120, ceux qui suivront aux Pelikano. Les particularités des stylos Geha étaient le réservoir d'encre qui s'actionnnait par un petit bouton sous la plume (cf. plus bas), et les cartouches "universelles" qui avaient un côté ressemblant aux cartouches Pelikan, mais se percutaient du côté opposé dans les stylos Geha. Un concurrent supplémentaire arrive sur le marché en 1980 avec le Lamy Safari, et Geha produit aussi des concurrents directs (Geha Fashion) de ce stylo que nous connaissons tous. Vous pouvez trouver des photos de tous ces stylos sur le site de Werner Rüttinger (vide infra).
Finalement, Geha perd définitivement la course contre Pelikan en 1990, quand ce dernier rachète son voisin ennemi. La production de stylos d'écolier sous la marque Geha continue jusqu'en 2001 avec les Geha Champion, qui acceptent désormais les cartouches standard. La marque Geha appartient toujours à Pelikan, et elle est utilisée pour des projecteurs et écrans de projection.
Le Geha 745 Goldschwinge
En 1962, Geha sort un nouveau modèle haut de gamme, appelé Goldschwinge, qui se décline en trois variantes:
- 725, corps en résine noire avec un capuchon noir à visser,
- 735, corps en résine noire avec un capuchon à enfoncer en maillechort,
- 745, corps en résine noire avec un capuchon à enfoncer doublé or laminé.
Ce sont des modèles à piston, mais des 725P, 735P et 745P à cartouches existent également.
Le 745, dont il est question ici, possède à mon avis 3 caractéristiques particulières.
1. Un design très contemporrain pour l'époque, qui s'éloigne des stylos Regent en forme de cigare, très classiques, que la marque produisait auparavant. Le 745 possède une ligne épurée, moderne, et qui rappellent forcément la concurrence locale de l'époque, à savoir les Pelikan P30-M30-M60, mais aussi le Aurora 98. Le 745 possède une fenètre bleue, à peine visible quand le stylo est rempli.






Pour comparaison avec les concurrents mentionnés plus haut, allez voir ici par exemple. (Il y a un fil sur le Pelikan M30 par toltotoll, mais les images ont disparu. Voici un commentaire de Christof sur le design: http://www.fountainpennetwork.com/forum ... try3392897)
2. Le fameux réservoir d'encre, un petit refoncement qui contient un peu d'encre et qui peut se vider dans le conduit en actionnant le petit bouton situé sous la plume.

3. Une somptueuse plume en or 14c, peut-être inspirée par le Sheaffer PFM, mais très différente. C'est cette plume élastique qui donne le nom Goldschwinge au stylo. En la voyant, il est facile de penser qu'elle inspira, des décennies plus tard, la plume du Waterman Carène (qui est plus arrondie).



A l'utilisation
Comme souvent à cette époque, il s'agit d'un stylo de petite taille, fin, et très léger. La résine noire est agréable en main, lisse sans être glissante. La plume, dont la taille n'est pas marquée dessus, écrit comme une F. Acheté d'occasion, le conduit était assez encrassé (c'est pas rare), et maintenant le stylo est plutôt sec. Je vais peut-être devoir faire un nettoyage encore plus poussé, car je pense que le débit devait à l'époque être supérieur. La plume glisse comme du beurre fondu sur du verre, elle est souple et légèrement flexible, ce qui confère un très grand confort d'écriture. Mon exemplaire a parfaitement survécu, à l'exception de quelques micro-rayures d'usage, et de quelques micro-fissures dans certaines facettes de la fenêtre d'encre. Le piston avait besoin d'être graissé, mais fonctionne parfaitement. Comme ses concurrents de l'époque cités plus haut, et comme des stylos comme le Parker 75 après lui, je trouve que sa simplicité lui donne une élégance intemporelle. Le design n'est plus d'actualité, mais il n'est en aucun cas vétuste ou obsolète.
Note personnelle: pourquoi un Geha ?
Mon attachement sentimental aux Pelikan vient du Pelikano de mon enfance, avec lequel j'ai appris à écrire. Mais, à l'âge de neuf ans, pour imiter un de mes instituteurs, je voulais avoir un Geha rouge avec de l'encre rouge. Comme le Pelikano, j'ai toujours ce Geha, j'y suis autant attaché, et il écrit toujours parfaitement. J'ai pu racheter quelques vieilles cartouches que je garde précieusement pour les remplir à la seringue.

Sources:
https://de.wikipedia.org/wiki/Geha-Werke
http://www.ruettinger-web.de/geha-startseite.html
anecdotes personnelles